People gathered around a Pride flag and memorial candles lit honoring LGBTQ+ people

Les mécanismes d’adaptations et de résistances aux répressions en Afrique du Nord

Les mécanismes d’adaptations et de résistances aux répressions en Afrique du Nord

People gathered around a Pride flag and memorial candles lit honoring LGBTQ+ people

La situation des personnes LGBTQI+ en Afrique du Nord se caractérise par un contexte de criminalisation dans la loi des 4 pays- Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie-. Cette criminalisation  va de l’emprisonnement à la peine capitale, en Mauritanie.

Ce contexte régional est marqué par une répression qui va au-delà de la limitation de la vie sexuelle et affective des personnes de la communauté LGBTQI+. Les lois restreignent les libertés de réunion et d’association dans tous les pays de la région, sauf en Tunisie, où la société civile a obtenu la création et l’enregistrement de plusieurs organisations LGBTQI+. 

Ainsi, malgré un contexte difficile, on observe la création de groupes et d’une dynamique queer dans la région, qui vise à améliorer la vie des personnes concernées. 

Face aux lois répressives qui continuent à condamner les personnes LGBTQI+ et aux difficultés de créer une association de défense des droits Humains, les militant-e-s de la région préfère s’organiser autours de collectifs/ groupes informels, et entreprendre tant que bien que mal des activités très discrètes, qui leur confèrent malgré tout une visibilité. 

L’art engagé et les festivals:

Quand les mots, les slogans, les harangues ne suffisent plus pour mobiliser, l’art engagé s’impose comme une voix alternative,  mais efficace. Le but est de sensibiliser aux questions des droits humains des personnes LGBTQI+ et à la démocratie, à travers une dynamique interactive, celle du cinéma, de la musique, du théâtre, qui témoigne ainsi du vécu difficile des personnes LGBTQI+ d’Afrique du Nord.  

On peut ainsi citer le festival Choftohonna ou le Festival International de l’Art Féministe de Tunis de l’association LBT Chouf Minorities. Ce dernier, lieu de 2018 sa 4ème édition.

Les réseaux sociaux:

Par ailleurs,  les dynamiques underground n’ont pas empêché les activistes de prendre part à des activités de formations et de renforcement de capacités à l’échelle nationale, régionale ou internationale.

L’avènement des réseaux sociaux offre également une visibilité accrue aux groupes/ collectifs, et permet  de maintenir un sentiment  de proximité  au sein de la communauté, via l’interaction et la publication des activités sur les réseaux sociaux.  

Ces canaux de communication ont été utilisés pour mener des compagnes de sensibilisation et de plaidoirie, comme la compagne virale  #HomophobiaIsACrime et #StopArt489 du groupe MALI (Mouvement Alternatif des Libertés Individuelles), lancée annuellement  à l’occasion de l’IDAHOT (International Day Against HomoTransphobia,) ou encore la compagne virtuelle #TenTen qui célèbre la journée nationale des personnes LGBTIQ+ en Algérie. Initiée par trois activistes, cette journée est célébrée le 10 octobre de chaque année depuis 2007. Les activistes et alliéEs allument des bougies et partagent des photos de ces bougies avec le hashtag comme acte de solidarité sur les réseaux sociaux. 

Création de magazines sur le web et émissions Radio:

D’autre part, afin de mieux encadrer et développer les contenus théoriques, certains groupes de la région publient chaque trimestre ou semestre des articles dans des magazines attractifs au contenu engagé, tandis que d’autres parviennent à faire des émissions sur des web radio traitant des thématiques en relations avec les droits des personnes LGBTQI+,  en la présence d’experts, et en permettant via un direct Facebook de poser des questions à ces derniers

Dynamiques de coalitions régionales:

Cette dynamique de réseautage, de rencontre, d’échange et de formations régionales,  a permis à plusieurs initiatives d’émerger, parmi lesquelles Transat, une plateforme de militant-es trans, non-binaires et de genres non-conforme d’Afrique du Nord et du Moyen Orient, qui capitalise sur une solidarité queer régionale comme forme de résistance virtuelle.  

Plaidoyer: 

Certains groupes et collectifs s’inscrivent dans une vision stratégique de changement de lois en faveur des personnes LGBTQI+,  et investissent la question via deux stratégies. La première consiste à effectuer un reporting et un monitoring des violations des droits des personnes LGBTQI+.  La seconde vise à investir les espaces internationaux de plaidoyer, afin de favoriser une pression de la communauté internationale tel que (CDH – EPR- CADHP) sur les gouvernements nationaux. 

La région connait une vraie dynamique qui dépasse les multiples contraintes existantes. Le meilleur exemple que l’on puisse  citer est la façon dont la communauté queer égyptienne a survécu à la répression de 2017, dont les effets sont toujours palpables.

Les groupes de militantEs poursuivent leurs activités en dépit de ressources très limitées- seul 0,001% du financement global LGBTIQ+ est destiné à l’Afrique du Nord- alors  que la région a besoin d’une aide bien plus importante pour mettre en œuvre les changements souhaités par la communauté.

Écrit par:

Naoufal Bouzid

Khadija Rouggany